Sauvage

Camille Vidal-Naquet, 2018, France, DCP, version originale française, 99', 16/18 ans Avant-première en présence du réalisateur

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Description

La beauté première de «Sauvage» est de déjouer la description. D'offrir aux yeux un spectacle qui défie le verbe. Léo n'est pas un prostitué qui erre dans les bas-fonds pas plus que son parcours n'est celui d'une descente. Le premier long-métrage de Camille Vidal-Naquet dénoue le jeu des spirales comme il démantèle l'idée de spirale, lui préférant comme seule explication son propre titre.

Le film, ainsi que son héros, est sauvage. Corps disponible, exploration possible, il se vend au gré d'autant de séquences, dont l'enjeu n’est pas tant une quelconque description socio-existentialiste que la cartographie de cet être rétif aux schémas de valeurs qu'il parcourt.

«Sauvage» pose la question de l'amour, alors que son héros passe de passe en passe, se lie et se délie. Protagoniste passionnant que la caméra étreint, sa déambulation fascine. Il fascine parce que Vidal-Naquet se soucie moins des réponses que des questions, ignore le pourquoi et lui préfère le comment. Le chemin de Léo, que soutiennent un montage et une photo aiguisés, a cela de beau qu'il invite le spectateur à tracer son propre sillon, à entamer le compagnonnage de cet homme capable d'ingérer tout ce qui passe, de digérer tout ce qui casse.

«Sauvage» a cela d'impressionnant qu'il maintient la ligne claire de sa belle déambulation aussi bien dans la relation de séduction qui attire Leo que dans l'enchaînement de séquences de passe. Tendresse, surprise, compassion, plaisir et don se confondent et retournent presque toujours les attendus d'un cinéma dit d'auteur ou d'un misérabilisme de façade. – Simon Riaux, Écran large