Le Cinéma

Laboratoire d'art & essai depuis 1959


1959 – D’ATELIER À SALLE DE CINÉMA

Cette salle, plutôt originale dans le paysage cinématographique lausannois, a été ouverte en 1959. Les locaux, reçus en paiement d’une dette du propriétaire M. Baumann, abritent alors un atelier de fabrication de machines à café. Le nouveau propriétaire, M. Debrunner, carreleur de métier et passionné de cinéma, crée un ciné-club. Devant les difficultés à obtenir les autorisations d’exploitation en 35 mm, il équipe la salle d’un projecteur 16 mm. La concession 35 mm est acquise quelques années plus tard, mais l’exploitation continue de manière «familiale».

M. Debrunner assure l’exploitation du cinéma de la caisse à la projection. C’est la raison pour laquelle un lit de camp a occupé pendant longtemps une grande partie de la cabine: il permet au propriétaire, qui exerce son métier de carreleur la journée, de pouvoir dormir une fois le film lancé. En plus du cinéma, M. Debrunner aime les poissons et les aquariums, il en installe plusieurs dans le hall du cinéma dont certains spectateurs lausannois s’en souviennent encore aujourd’hui.

1978 – TOURNANT MAJEUR

L’année 1978 marque un tournant majeur dans l’histoire du cinéma. M. Debrunner tombe gravement malade et, dans le mémento des quotidiens, le cinéma affiche tristement «fermé pour cause de maladie». Voyant cela, Gilles Grossfeld, né dans une famille liée au cinéma depuis les origines de cette industrie, fait une proposition de reprise. Il prend en charge l’exploitation de la salle avec un petit groupe fonctionnant en autogestion qui comprenait notamment le journaliste Claude Vallon et Pascale Kramer, devenue entre temps écrivaine. A cette époque, de nombreux acteurs culturels lausannois travaillent pour le Cinéma Bellevaux, en tant que caissier ou opérateur-projectionniste.

Le cinéma ouvre à nouveau ses portes en décembre 1978 avec «The Sting» (L’arnaque) de George Roy Hill. Par la suite, Gilles Grossfeld assume seul la gestion du cinéma; il le fera pendant vingt ans. Cette période sera la plus belle de la salle : de 7’000 spectateurs en 1978, ils seront 35’000 en 1990.

1980 – PIONNIER DE LA VERSION ORIGINALE

En 1980, après quelques semaines de fermeture pour rénovation, la salle ouvre à nouveau ses portes avec «Life of Brian» des Monty Python, en version originale. Le Cinéma Bellevaux devient alors l’un des pionniers des séances en version originale à Lausanne. En effet, jusqu’alors, un film qui n’a pas de version française n’est tout simplement pas exploité.

Dès lors, le Cinéma Bellevaux devient une sorte de tête chercheuse du cinéma d’auteur : Cassavetes, Scorsese, Jarmusch, Kusturica et bien d’autres premières œuvres de cinéastes devenus célèbres par la suite sont projetées. Le cinéma suisse n’est pas en reste, de nombreuses avant-premières sont organisées. Pendant plusieurs années, le Cinéma Bellevaux accueille également le circuit des Films du Sud, décentralisation des films du Festival International du Film de Fribourg en provenance d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

1998 – UNE PORTE VERS D’AUTRES HORIZONS

En 1998, Gilles Grossfeld, se retire, et Konrad Waldvogel, « l’oiseau de la forêt », jusqu’ici opérateur-projectionniste, reprend la direction de la salle. La programmation est d’abord assurée par Micheline Perrière des Cinémas Scala à Genève, puis par Marc Pahud de la Société Cinérive à Vevey. En 2009, Serge Authier, un ancien de la Cinémathèque et du Cinéma Romandie, s’associe à Konrad Waldvogel à la direction de la salle. Films indépendants, films d’auteurs, cinéma dit du Sud, cinéma suisse et documentaires sont le moteur de l’exploitation.

2003 – CRÉATION D’UNE ASSOCIATION DE SOUTIEN

Konrad Waldvogel s’efforce de maintenir à flot la salle, mais doit faire face à de grosses difficultés financières. Pour la survie du Cinéma Bellevaux, l’Association BelEcan est formée en 2003 par un groupe d’amis et passionnés de cinéma.

Le premier objectif du Comité de l’association est la modernisation de la salle. Il apparaît en effet aux membres que c’est une condition sine qua non pour garantir des projections optimales. Les fauteuils et l’écran sont changés, l’installation sonore améliorée, et le cinéma est équipé pour des projections vidéo.

Il apparaît au Comité de BelEcran que la rénovation doit aller de pair avec l’élargissement de l’audience du Cinéma Bellevaux. L’idée d’un programme « Passerelle » voit le jour. Il s’agit de séances thématiques organisées le plus souvent avec l’appui et la collaboration de collectivités locales telles que le Théâtre de Vidy, la Collection de l’Art Brut, le Festival du film des Diablerets, ou encore le Festival Filmar en América Latina.

2014 – REPRISE

Après plus de quinze ans passés à la tête du Cinéma Bellevaux, Konrad Waldvogel se retire de la direction de la salle. Une nouvelle équipe est composée afin de pérenniser et de dynamiser l’un des derniers cinémas classés « Art et Essai » de Lausanne.