Donya, 20 ans, habite à Fremont dans un immeuble réunissant plusieurs familles qui ont quitté l’Afghanistan. Ayant travaillé comme interprète pour les Américains, elle a fui Kaboul et se sent coupable vis-à-vis de celles et ceux qui n’ont pas pu partir. Pour gagner sa vie, elle se rend dans le quartier chinois, où elle travaille dans une fabrique artisanale de «fortune cookies», ces biscuits qui recèlent une maxime ou une prédiction. Si elle souffre de solitude, Donya est patiente, persévérante et prête à consulter un psy. Un jour, elle décide de laisser agir la chance en glissant un message d’amour dans un cookie.
Dans «Fremont», le réalisateur d’origine iranienne Babak Jalali (notamment de «Frontier Blues») nous attache à une femme hantée par son passé mais décidée à façonner son avenir, interprétée avec sobriété par Anaita Wali Zada. Ancienne présentatrice à la télévision afghane, l’actrice a dû elle-même fuir son pays en raison du retour des Talibans au pouvoir en 2021. En confrontant son personnage à d’autres, comme celui joué par Jeremy Allen White, star de la série «The Bear», le cinéaste porte son regard sur l’interculturalité, soulignant les similitudes d’âmes esseulées, issues ou non de l’immigration. Grâce à un format resserré et une photographie lumineuse en noir et blanc, il compose un récit d’une grande douceur, où il fait ressortir l’émotion de chaque situation avec un humour tendre. Sa dérision n’empêche jamais la profondeur et, au contraire, tire des relations humaines et drames de la vie un sentiment de mélancolie positive.
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