Le droit à l’autodétermination comporte de nombreux plaidoyers – exiger l’égalité, vivre nos sexualités, exprimer librement notre/nos genre(s), être à l’abri des violences et investir l’espace public – et questionne encore aujourd’hui la visibilité et la représentation des personnes LGBTIQ+ dans la société. À l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et biphobie (IDAHOT 2022), nous rappelons notre droit à vivre libres et dignes, et proposons ce lundi 16 mai, une sélection de trois courts métrages réalisés et produits en Suisse romande. Parce que nous nous soucions d’agrémenter notre cinématographie queer avec des films de nos contemporain·ne·x·s et concitoyen·ne·x·s.
«Impériale» est un bel ovni scénaristique réalisé par Coline Confort pour son film de diplôme de l’école d’art lausannoise, l’Écal. Le film met en scène la problématique de l’hétéronormativité exclusive dans le cadre des reconstitutions historiques des guerres napoléoniennes. La jeune Eva, 21 ans, se retrouve contrainte à «perfomer» son genre pour intégrer le régiment des chasseurs de la Garde impériale napoléonienne, car strictement réservée aux hommes. Bravant un interdit vieux de plus de 200 ans, iel réaffirme son droit à l’autodétermination. Cette histoire interroge le queer comme potentiel de remise en question des normes sociales établies.
«Red Ants Bite» est réalisé par Elene Naveriani, autrice depuis d’un long-métrage, «Wet Sand», lauréat du Prix de Soleure en 2022. Son cinéma interroge le tabou de l’homosexualité dans la Géorgie d’aujourd’hui. Avec «Red Ants Bite», Naveriani entremêle les problématiques dans un mille-feuilles intersectionnel qui visibilise dans son pays natal les enjeux LGBTIQ+ en prise directe avec le racisme et la pauvreté économique. L’histoire narre le quotidien de deux migrants nigérians, Obinna et Afame, qui vivent à Tbilissi. Avec une esthétique contemplative qui rappelle les oeuvres d’Antonioni, Naveriani pose un regard doux-amer sur leur autodétermination difficile.
«The Life Underground», réalisé par Loïc Hobi, est le récit d’un challenge mortel: Ethan et sa bande défient le jeune Noah de sauter par-dessus les rails juste avant l’arrivée du prochain métro. Le rite initiatique est ici un prétexte pour interroger les identités de genre. Sous le vernis d’un noir&blanc particulièrement soigné se nouent de curieux enjeux d’attirances sexuelle et/ou romantique. Entre masculinité toxique, virilité exacerbée, non-binarité et diversité des expressions de genre, «The Life Underground» réaffirme la nécessité aujourd’hui de renouveler les formes d’attirances au cinéma.
L’occasion pour nous de convier à une table ronde les trois réalisateur·trice·x·s – Coline Confort, Elene Naveriani & Loïc Hobi – de ces courts métrages d’exception, multi-primés dans de nombreux festivals de références et tous trois nominés au Prix du Cinéma suisse. Avec ce souhait de rapprocher les films du public, nous voulons offrir un espace d’expression pour chacun·e·x. Des comédien·ne·x·s et une experte en études genre seront également présents, où il sera question d’interroger les représentations LGBTIQ+ à l’écran. Car si l’un des effets attendus est la possibilité qu’ont ces médias d’influer sur les représentations des personnes LGBTIQ+ et de les faire changer ou évoluer, il est central de se questionner sur «quoi, qui et comment» filmer ou jouer ces figures dans le cinéma d’aujourd’hui.
Programme:
«Impériale», réalisé par Coline Confort, avec Eva Altagman, prod. Climage / Écal, Lausanne, 2021
«Red Ants Bite», réalisé par Elene Naveriani, avec George Imo Obasi & Donald Acho Nwokorie, prod. Alva Film, Genève, 2020
«The Life Underground», réalisé par Loïc Hobi, avec Lucas Faulong & Arcadi Radeff, prod. Tell Me The Story & Imagina Studio, Genève/Lausanne, 2021