Perdidos en la noche

Amat Escalante, 2023, Mexique/Allemagne/Pays-Bas, DCP, version originale espagnole sous-titrée français, 122', 16/16 ans

Prix d'entrée à choix: 10.- | 15.- | 20.-

Archives 2024

Description

Le Mexicain Amat Escalante fait figure de réalisateur exigeant et tourmenté par l’injustice. Notamment réalisateur du bouleversant «Heli», Prix de la mise en scène à Cannes en 2013, il aborde avec brio l’aliénation et l’humiliation politique et sociale. Il nous le démontre une nouvelle fois dans «Perdidos en la noche», qui explore aussi bien la corruption généralisée que les dérives sectaires, celles de l’art comme des réseaux sociaux, tout en reflétant de larges pans de la production filmique latino-américaine.

C’est dans la région de Guanajuato, sa ville natale connue pour ses momies, que le cinéaste a trouvé l’endroit lui permettant de revenir sur les perturbations causées par l’industrie minière. Il y évoque aussi la tragédie marquante de la disparition de quarante-trois étudiant·es en 2014. Ceci en nous emmenant dans une grande maison à l’architecture moderne, appartenant à une certaine famille Aldama. Carmen, vedette de telenovelas sur le retour, y séjourne avec sa fille Mónica, instagrameuse, et son compagnon Rigoberto, artiste cynique. Non loin de là, le jeune Emiliano souffre de la disparition de sa mère, militante écologiste. Ignoré par le système judiciaire, il tente de remonter la piste du drame en compagnie de Jazmin, son amoureuse. Sa quête pourrait bien se muer en vengeance.

Partant de cette trame, Amat Escalante décrit tout d’abord la violence policière et mafieuse, mais il franchit peu à peu des paliers supplémentaires en superposant les couches signifiantes. À travers la charmante instagrameuse, il épingle les réseaux sociaux et l’insidieuse alinéation qu’ils provoquent. Le personnage de la mère star de soap opera figure tout un pan d’une industrie destinée à faire rêver le peuple, tandis que l’introduction d’une secte évangéliste au récit reflète une dérive bien réelle. À tout cela s’ajoute le sentiment d’impunité et l’hypocrisie des personnages bourgeois ou corrompus. Pour autant, l’intrigue ne paraît jamais pessimiste, car sa résolution passe par une jeunesse dont la pugnacité représente une source d’espoir.

Images © trigon-film