Les enfants d'Isadora

Damien Manivel, 2019, France/Corée du Sud, DCP, version originale française, 84', 16/16 ans Séances spéciales en présence d'Agathe Bonitzer & Damien Manivel

Proposé dans le cadre de la Fête de la Danse

Archives 2021

Description

«Les enfants d’Isadora» de Damien Manivel aborde avec délicatesse le deuil impossible des enfants d’Isadora Duncan et son inspiration dans la création d’une danse solo, reproduite avec émotion par quatre femmes, près d’un siècle après.

D’Isadora Duncan, célèbre danseuse américaine, on connait les circonstances tragiques de sa mort en 1927 et son énorme apport à la danse moderne. On sait moins qu’un drame coûta la vie à ses deux enfants Deirdre, six ans, et Patrick, quatre ans, noyés dans la Seine en avril 1913. Le réalisateur Damien Manivel s’est emparé de la souffrance qui a inspiré à la mère inconsolable un solo de danse intitulé « La Mère ». Dans un geste d’une grande douceur, elle reproduit les gestes d’une mère qui caresse et berce une dernière fois son enfant avant de le laisser partir. Et de ce geste il va être question dans «Les enfants d’Isadora». Un geste qui se transmet, s’explique, s’apprend, se reproduit, à l’infini. Car au travers des années, la beauté, la force et la signification d’un tel geste reste le même. Et le réalisateur, ancien danseur lui-même, montre parfaitement toute l’émotion que ce geste universel contient.

Damien Manivel, qui a coécrit «Les enfants d’Isadora» avec Julien Dieudonné, le découpe en trois tableaux, et s’attache à plusieurs femmes qui se saisissent précisément de ce geste à l’occasion du spectacle « La mère », joué quelques semaines plus tard. On ne les voit jamais ensemble mais elles forment, sans se connaître, une chaîne bienveillante autour de la mémoire d’Isadora, de son travail, de ses souvenirs, de son inspiration et de tout ce qu’elle a apporté à la danse.

Les pièces d’un puzzle s’assemblent alors sous nos yeux doublement fascinés. Fascinés d’abord par la vie incroyable d’Isadora Duncan, même si elle ne peut évidemment être réduite au prisme de la maternité et de la souffrance qui suit l’absence, du manque et du vide absolus. Et fascinés ensuite par la recherche du geste juste, celui qui fait sens. Même si on n’est pas danseur ou pas directement intéressé par l’art de la danse, on éprouve du plaisir à l’idée de comprendre et de voir comment naît la pensée même de la création artistique et de ses origines : de la tragédie intime et de la « douleur intarissable », comme l’écrit la danseuse dans son livre Ma vie, et de l’absolue nécessité de créer, de garder des traces par le corps de ce qu’elle éprouvait pour eux. – Sylvie-Noëlle, le blog du cinema

Images © Shellac Films