Présenté en compétition et primé à Cannes, «Les Filles d’Olfa» est un film d’une extraordinaire richesse sur l’adolescence, l’émancipation et la place des femmes. Grâce à un dispositif génial, toujours à la bonne distance, on y découvre les drames et espoirs d’une famille, celle d’Olfa et ses filles.
Olfa a quatre filles. Hélas, les deux aînées ont disparu. Pour revenir sur le drame de leur absence, Kaouther Ben Hania fait intervenir des actrices face à Olfa et ses plus jeunes filles restées auprès d’elle. La cinéaste tunisienne confronte la maman à une comédienne qui doit l’incarner, tel un miroir fictionnel de sa réalité. De même, deux actrices jouent les disparues.
Grâce à ce procédé mené avec autant d’intelligence que de respect, la réalisatrice des excellents «Le Challat de Tunis», «La Belle et la meute» et «L’Homme qui a vendu sa peau», restitue tout en pudeur l’existence de ces femmes. À travers leurs dialogues et échanges, tantôt souriants, tantôt chagrinés, le film se mue en voyage à la fois intime et universel, fait de peurs, d’espoirs et de rébellions, qui embrasse tous les enjeux du passage à l’âge adulte, de la transmission entre générations et de l’émancipation des femmes, en Tunisie comme ailleurs.
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