En 1939, devant l’avancée des troupes franquistes, ce sont des centaines de milliers d’espagnols et catalans, républicains ou non, qui franchissent la frontière des Pyrénées pour venir se réfugier en France. Cette retraite désespérée et forcée, qu’on appelle la Retirada, Mercedes, Floréal, et Joaquim l’ont vécu et sont arrivés finalement dans le Tarn et Garonne. Joachim a été enfermé dans le camp de concentration de Septfonds, qui risque aujourd’hui d’être transformé en porcherie industrielle. Un symbole insupportable pour les exilés espagnols et leurs descendants qui rappellent à tous la mémoire douloureuse de ces lieux.
«Un Temps de cochon» est une composition très serrée et subtile des différents témoignages recueillis pendant six mois par Benoit Bories auprès de cinq personnes, avec une situation qui fait écho au destin des réfugiés qui hantent aujourd’hui les rues de nos villes. On ne reconstruit pas si facilement sa vie ailleurs quand le tissu familial est déchiré. Benoit Bories procède comme un archéologue, au propre comme au figuré, dévoilant peu à peu et avec beaucoup de pudeur, sans urgence, les brisures de l’exil, des pans de mémoires restés jusque-là dans l’ombre. Documentaire, pièce ou œuvre radiophonique? «Un temps de cochon», ce sont des voix, des résonnances, des sons du présent, des bribes du passé, des ritournelles qui demeurent. Pour dire au plus près la résurgence de la mémoire, la polyphonie des témoignages.
Prise de son: Benoit Bories et Adrien Stauch
Compositions acousmatiques: Benoit Bories
Mixage : Jean-Philippe Zwahlen
Une co-production du LABO (David Collin). Cette œuvre est soutenue par l’appel à projet Gulliver, en association avec la RTBF, la Fédération Wallonie Bruxelles, la SCAM et la SACD France et Belgique, la SSA et Pro Litteris.
Image: Excelsior-L'Équipe / Roger Viollet