Otar's Death

Ioseb 'Soso' Bliadze, 2021, Géorgie, DCP, version originale géorgienne sous-titrée français et allemand, 106', 16/16 ans

Archives 2022

Description

Keti vit seule avec son fils adolescent, Nika, qu’elle a eu très jeune, et ils ont de la peine à joindre les deux bouts. Leur situation vire même au cauchemar lorsque le garçon renverse par accident un vieillard prénommé Otar, sous les yeux d’Oto, son petit-fils.

Les premières scènes peuvent paraître un peu convenues quand on découvre Keti, cette mère fêtarde vivotant de petits boulots, qui oublie son propre fils sur la plage pour aller boire des coups avec une copine. Pourtant, il n’en est rien. Délaissé, Nika en a marre de l’attendre jusqu’à la nuit tombée et veut rentrer à la maison, quitte à prendre la voiture de sa mère alors qu’il n’a pas de permis. À le voir conduire, on aurait dit que l’accident était prévisible… La famille de la victime, le vieil Otar, va proposer un marché à Keti: contre une importante somme d’argent, elle ne portera pas plainte. Le policier du coin est d’ailleurs dans la combine. Dès lors, les surprises, les points de vues décalés et les scènes à contre-pied se multiplient. Et les personnages se révèlent bien plus profonds qu’ils ne semblaient.

Dans son premier long-métrage, Iosep «Soso» Bliadze démontre un talent certain pour la narration et les portraits. On a la forte impression qu’il s’amuse avec les oppositions et les contraires. Par exemple entre les deux familles, avec d’un côté Keti, mère post-adolescente tournant le dos à ses responsabilités, et de l’autre Tamara, la fille d’Otar, autoritaire et possessive vis-à-vis de son fils Oto. Cependant, rien ne reste figé dans cette intrigue à tiroirs, où chacun est contraint de réagir à des circonstances indépendantes de sa volonté. Les retournements de situation se produisent sous le regard impavide, presque narquois, de la caméra de Soso. À sa riche galerie de personnages, se débattant dans leur mal-être, s’ajoute un portrait en creux d’une société géorgienne en pleine déréliction, dont tout le monde semble vouloir s’évader: psychologiquement, dans l’alcool pour Keti, dans la musique pour Tamara, ou physiquement, en rêvant de quitter sa campagne, voire son pays. Pour autant, Bliadze évacue la noirceur du propos, en jouant à merveille avec les absurdités et l’humour pince-sans-rire. – trigon-film

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