À travers le portrait du jeune Andrés Roca Rey, star incontournable de la corrida contemporaine, Albert Serra dépeint la détermination et la solitude qui distinguent la vie d'un torero. Par cette expérience intime, le réalisateur de «Pacifiction» livre une exploration spirituelle de la tauromachie, il en révèle autant la beauté éphémère et anachronique que la brutalité primitive. Quelle forme d'idéal peut amener un homme à poursuivre ce choc dangereux et inutile, plaçant cette lutte au-dessus de tout autre désir de possession ?
Festivals et prix
- San Sebastián International Film Festival 2024 – Lauréat : Ateneo Guipuzcoano Award, Golden Shell for Best Film et Feroz Zinemaldia Award
- Visions du Réel 2025 – Highlights
- International Film Festival Rotterdam 2025 – Sélection Officielle
- CPH-DOX 2025 – Sélection Officielle
- The New York Film Festival 2024 – Sélection Officielle
«Tardes de soledad» est le premier film documentaire d’Albert Serra mais la différence avec ses films précédents s’avère en réalité être très minime. Thématiquement d’abord. En mettant en avant la vanité grotesque de la quadrille du protagoniste, c’est à dire des accompagnateurs endimanchés et pétris de sérieux dont le seul but semble être de masturber l’ego du torero à force d’éloge viril disproportionné, le cinéaste catalan poursuit son catalogue d’hommes héroïques et insulaires paniquant de voir le pouvoir leur glisser entre les mains («Pacifiction», «La Mort de Louis XIV», «L’Histoire de ma mort»). La fascination et la répulsion que Serra éprouve simultanément pour les figures de pouvoir s’exprime ici par la permanence du sang sur les parures moirées faites de précieuses dentelles et délicats sequins. Un avertissement d’ailleurs : sans s’y complaire, le film n’élude ni la brutalité humaine ni la douleur animale.
La continuité avec l’œuvre de Serra se joue aussi bien entendu sur la mise en scène. Dans cette arène comme dans ses autres films, le temps et l’espace semblent se dilater devant la caméra en pleine exploration, créant un puissant effet d’hypnose. En se focalisant sur la répétition des gestes filmés avec concentration, à l’abri du monde réel (parti pris saisissant: aucun spectateur ou presque n’apparait à l’écran), et en optant pour une structure tout en cycles, «Tardes de soledad» met en avant la vanité absurde de cet affrontement ultra codifié à la fois pathétique et flamboyant entre l’Homme et la Nature. Le résultat est un nouveau geste esthétique stupéfiant de la part d’un cinéaste qui disait pourtant ne jamais vouloir réaliser de documentaire.» – Gregory Coutaut, Le Polyester
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