Ô surprise, on voulait profiter de ces quelques lignes pour vous parler de l’importance de l’expérimentation. Mais, si d’ordinaire le LUFF use ad nauseam de ce qualificatif pour présenter les démarches de sa programmation, on souhaite cette fois-ci vous parler de celles qui ont lieu dans l’envers du décor.
Parce qu’il est beau cet envers, qu’il mérite d’être valorisé et qu’on ne comprend qu’à moitié un festival si on ne comprend pas comment les choses y sont faites.
La semaine que vous vous apprêtez à vivre est le résultat d’une année entière de plans scabreux et de recherches visant à proposer une tentative de faire culture autrement. Parce que l’ancien système ne marchera plus très longtemps, il y a urgence à inventer de nouvelles manières de créer, d’habiter et de faire vivre la culture. Dans le cas du LUFF, l’hypothèse est collective et collaborative. Elle propose de refuser en bloc la course arriviste dans laquelle on a trop longtemps lancé les entités culturelles, d’envoyer bouler l’idée de faire des autres festivals des concurrents plutôt que des alliés, d’en finir avec la logique martyriale du secteur, d’abolir la norme d’un travail dans le sang et les larmes, d’abattre la hiérarchisation des personnes et des oeuvres au sein d’un événement culturel. Parce qu’on nous a menti : il est possible de faire culture ensemble avec bienveillance, de faire attention au bien-être des personnes qui œuvrent dans ce secteur, de leur permettre de vivre de ce qu’elles font, d’accueillir le public en allié·e·x·s plutôt qu’en client·e·x·s, de refaire de la culture un refuge et un lieu de libération mais pour ça, il faut qu’on continue à essayer.
Alors on a vraiment pas les réponses à toutes les questions, ni les solutions à tous les problèmes mais au fond ce qu’on aimerait vous demander ici, c’est qu’on se batte ensemble. – Édito LUFF 2024
Image de couverture: Alix Debrain & Martial Grin