SORTIES : Pour son premier film, la réalisatrice lituanienne Saule Bliuvaite, récompensée du Léopard d’or en 2024, plante sa caméra dans ce pays qui l’a vue grandir, et plus précisément dans les quartiers populaires de Kaunas, où Marija et Kristina, treize ans, se rêvent mannequins et intègrent une école qui leur promet, sous réserve de sacrifices, qu’ils soient financiers ou physiques, succès et fortune. «Toxic» raconte, sans fard et sans artifices, une jeunesse qui cherche par tous les moyens à échapper à un quotidien hostile et sans avenir.
Après «N’oublie pas les fleurs» (2022, récompensé au festival du film de San Sebastian), Genki Kawamura a décidé d’adapter le jeu vidéo culte «Exit 8». La situtation initiale est plutôt banale, voyez seulement : Kazunari Ninomiya cherche simplement la sortie du métro. Mais le voilà vite coincé, pris au piège d’un tunnel sans fin – et nous avec – et d’un jeu dont on apprend au fur et à mesure à déchiffrer les règles. Voulu par le réalisateur comme une allégorie moderne du purgatoire, ce film à l’univers singulier et anxiogène, truffé de références, oscille entre thriller mental et satire sociale. À voir, mais surtout à vivre !
REPRISE : Après «Titane» (Palme d’or en 2019) et «Grave» (2015), Julia Ducournau est de retour avec «Alpha» dans lequel elle dissèque une fois encore la famille en son cœur et en son corps. Golshifteh Farahani y incarne une jeune médecin investie, et obsédée par un virus qui nous en rappelle d’autres – mais aussi guidée par la peur et hantée par ses fantômes. Le rythme s’emballe lorsqu’elle soupçonne que sa fille Alpha (Mélissa Boros) ait pu être contaminée et que son frère (Tahar Rahim) débarque. On perd pied et le sens du temps avec ce trio désarticulé, et on plonge sans filet dans les entrailles d’une psychose aussi hallucinée qu’hallucinante qui interroge les liens du sang. Ou l’art et la matière de raconter des histoires d’amour.
TOUJOURS À L’AFFICHE : «Confidente» de Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti, «Eureka» de Lisandro Alonso, «La Trilogie d’Oslo : Désir» de Dag Johan Haugerud, «To Kill a Mongolian Horse» de Xiaoxuan Jiang ainsi que «Valeur sentimentale» de Joachim Trier, Grand Prix du Jury au dernier festival de Cannes.
ÉVÉNEMENT ! Ce jeudi 4 septembre, ne manquez pas l’occasion de venir voir ou revoir «Go Fish» (Rose Troche, 1994) qui est considéré comme l’un des films fondateurs du Nouveau Cinéma Queer. La projection sera suivie d’une discussion avec la réalisatrice Anna Margarita Albelo «La Chocha» («Hooters ! Le making of du cinéma lesbien», 2010 ; «Qui a peur de Vagina Wolf ?», 2013) qui a collaboré avec plusieurs membres du projet «Go Fish». Elle nous racontera la genèse de ce film, son impact et ses différentes réflexions autour du cinéma lesbien d’hier et d’aujourd’hui.
À NOTER : Le jeudi 11 septembre, Alain Wirth viendra présenter «Le Goût des choses», fruit d’un travail documentaire d’une année et demi, au cours de laquelle il a suivi Antoine et Pierre-Gilles, qui sont à l’initiative du projet d’agro-écologie Praz Bonjour. À la fois témoignage et manifeste, il nous donne à voir les défis auxquels font face les deux quarantenaires et nous invite à réfléchir aux enjeux de l’alimentation durable, à de nouvelles formes d’agriculture et à notre rapport à la terre.