RESSORTIE !
Heiny Srour, pionnière du cinéma féministe et décolonial, est la première réalisatrice arabe à avoir réalisé un film : «L’heure de la libération a sonné», sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes en 1974. Elle réalisera dix ans plus tard «Leïla et les loups», œuvre culte longtemps restée inédite et ressortie en version restaurée au printemps passé. L’occasion de se laisser embarquer dans un voyage à travers le temps et l’espace à la recherche de la mémoire collective des femmes palestiniennes et libanaises. Déjouant les récits coloniaux et masculins, cette fresque féministe, d’une vivacité et d’une actualité troublantes, mêle poésie visuelle et engagement politique pour redonner voix aux femmes effacées des récits officiels. À ne pas manquer !
REPRISE !
«Oui» est le cinquième long métrage de Nadav Lapid, après «Synonymes» (Lion d’Or à Berlin en 2019) et «Le genou d’Ahed» (Prix du Jury à Cannes en 2021). Découpée en trois actes, cette fable grinçante met en scène, dans le bruit et la fureur, la décadence morale. On y suit Y. et Jasmine, un couple d’artistes ratés, assoiffés d’argent et de reconnaissance, s’offrant corps et âme à une élite lors de bacchanales tapageuses. Puis, est confiée à Y. la composition d’un nouvel hymne. Œuvre critique et acerbe, «Oui» dénonce sur un mode carnavalesque et outrancier un pays malade, gangrené par un ultranationalisme mortifère, où le traumatisme du 7 octobre nourrit un esprit de vengeance qui finit par se propager dans toutes les couches de la société – artistes, y compris.
TOUJOURS À L’AFFICHE
Cherien Dabis retrace, sur trois générations, l’histoire d’une famille palestinienne condamnée à l’exil dans «All That’s Left of You» ; Richard Linklater nous plonge dans une «Nouvelle Vague» empreinte d’une légèreté propre à cette époque – faite de (petites) révoltes et de (grandes) révolutions – et nous emmène, sur les traces de Jean-Luc Godard, dans les coulisses du tournage d’«À bout de souffle» ; Andrea Segre fait quant à lui revivre le leader communiste italien et ses grandes idées Enrico Berlinguer auquel Elio Germano prête ses traits dans «Berlinguer – la grande ambition», alors qu’Oliver Laxe vous entraine dans un road trip désespéré qui vous laissera probablement démuni·e·x·s en sortant de «Sirât».
Attention, dernière chance de voir «A House of Dynamite» de Kathryn Bigelow sur grand écran – le lundi 10, à 20h30.
ÉVÈNEMENTS !
Ce mercredi 5, à 18h, nous vous invitons à venir à la rencontre de Natalie Pfister, réalisatrice du documentaire «Des enfants et des arbres», qui a été récompensé du prix de l’engagement au Festival international du Film écologique et social 2025 à Cannes, pour son idée originale, porteuse d’avenir pour l’humanité. La réalisatrice a suivi, pendant une année, le quotidien de trente enfants – entre quatre et huit ans – dans leur école un peu particulière, en pleine forêt. Qu’importe la météo, c’est dans cet environnement qu’iels apprennent et jouent, explorant la forêt par eux-mêmes, découvrant les cycles de la nature et développant leur sens des responsabilités, leur courage, leur imagination et leur créativité. Inspirant !
Avant d’embrasser une carrière musicale au début des années 90, Will Oldham – plus connu par certain·e·s d’entre vous sous les patronymes de Palace ou de Bonnie «Prince» Billy – a songé à épouser une carrière d’acteur. S’il a préféré la musique au cinéma, celui-ci continua d’occuper une place à part dans sa carrière et ce dimanche 9 novembre, dans le cadre de la première carte blanche à CinéPlatine, nous vous proposons de le retrouver dans deux films splendides : «Old Joy», réalisé en 2006 par Kelly Reichardt (pour qui il avait déjà composé la musique du court-métrage «Ode») et «Matewan» de John Sayles (1987). Alors âgé de 17 ans, Oldham dit y avoir vécu sa plus belle expérience cinématographique.
Le mercredi 12, dans le cadre de Let’s Doc, nous accueillerons Eleonora Camizzi, qui viendra présenter «Bilder Im Kopf», une œuvre personnelle particulièrement touchante dans laquelle la réalisatrice a imaginé un dispositif lui permettant de créer un espace de dialogue avec son père, diagnostiqué de schizophrénie.