Careless Crime

Shahram Mokri, 2020, Iran, DCP, version originale persane sous-titrée français, 134', 16/16 ans

JE à 20:00 | SA à 15:15 | DI, MA à 20:00

Description

Il y a 40 ans, la révolution iranienne était sur le point de balayer la dictature du Shah. Mais son principal soutien, le monde occidental, et sa culture, furent aussi visés. Des cinémas furent brûlés et l’un de ces incendies fit 478 victimes. Ce drame va-t-il se reproduire dans le présent en pleine projection?

Il sera difficile d’oublier «Careless Crime» comme il le fut pour le film précédent de Shahram Mokri, «Fish and Cat». Le réalisateur fait preuve ici des mêmes virtuosités scénaristique et de mise en scène. L’intrigue virevolte entre un cinéma, ses alentours et un endroit perdu de la campagne où s’est écrasé un missile sans avoir explosé. Les enchaînements se font avec légèreté, les dialogues paraissant quasiment tous happés par la caméra, comme par un pur hasard. Le mystère, le fantastique parfois, sont contrebalancés par des séquences d’humour – cette jeune fille qu’on renvoie d’un lieu à un autre livrer ses affiches, ou cette source qui ne produit aucun reflet, ou enfin ces incendiaires qui ne savent pas comment faire, ni se décider.

Parfois, on a le sentiment d’un film dans le film, puis on réalise que cela pourrait aussi bien être dans le film dans le film. Cette avalanche de phrases et de plans, à première vue chaotique, qui se révèle ne pas l’être, pourrait donner le tournis. Au contraire, cela vous scotche à l’écran, vous donne envie de retourner vers les jeunes filles de la source qui charment les militaires, ou vers le cinéma pour savoir où en sont les incendiaires, ou vice versa. C’est que l’exercice n’a rien de vain et après la surprise de la scène finale, on voudrait y retourner pour que dure ce plaisir de cinéma. – Martial Knaebel, trigon-film

Images © trigon-film