Incroyable mais vrai

Quentin Dupieux, 2022, France/Belgique, DCP, version originale française, 74', 16/16 ans

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Description

Dixième opus de Quentin Dupieux, «Incroyable mais vrai» ne déroge aucunement à la règle fondamentale qui est la raison d’être de tous les films du cinéaste: le recours impératif à la loufoquerie. Après l’histoire d’un pneu pris d’une frénésie meurtrière en plein désert californien («Rubber», 2010), celle d’un interrogatoire policier d’un faux suspect, qui se transforme en pièce de théâtre métaphysique («Au poste!», 2018) et celle d’un quinquagénaire, obsédé par tout ce qui relève de la peau de daim («Le Daim», 2019), Dupieux nous dépeint, cette fois, deux situations entremêlées, bien sûr aussi extravagantes l’une que l’autre, mais dont nous ne pouvons ici rien révéler, car leur propre et néanmoins commune loufoquerie cesserait aussitôt de surprendre, et surtout de décontenancer tout spectateur peu enclin à se soumettre à la toute-puissante logique cartésienne.

Comme à son habitude, Dupieux donne la priorité à la visualisation intense des situations surréalistes, puis aux regards interrogateurs et dubitatifs qu’elles entraînent chez les protagonistes. Ceux-ci se voient accorder des dialogues qui, avant tout, entretiennent chez eux le mystère tout autant que l’incompréhension. Ainsi, l’attention du spectateur est-elle constamment soutenue, ce dernier ne pouvant que partager ce même désarroi absurde, agrémenté de gags eux aussi allègrement incongrus. De pareils récits requièrent des interprètes qu’ils jouent... le jeu avec le plus grand naturel possible. Ce à quoi se sont parfaitement employés l’ensemble des comédiens. – Michel Cieutat, Bande à part

Images © Praesens-Film