The Apple Day

Mahmoud Ghaffari, 2022, Iran, DCP, version originale persane sous-titrée français et allemand, 81', 6/10 ans

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Description

Saeed et son petit frère Mahdi vivent à Téhéran, dans une banlieue délaissée aux rues sinueuses, à l’ombre de gratte-ciels en construction. Leur mère a choisi la ville dans l’espoir d’un avenir meilleur. Elle fait des lessives pour gagner de quoi vivre. Regrettant la campagne, le père s’échine à vendre des pommes en parcourant les rues avec son pick-up. Âgé d’une dizaine d’années, Saeed l’aide à les vendre à la criée dans les quartiers ou aux abords des grandes routes, jusqu’à la tombée de la nuit. Avec «The Apple Day», Mahmoud Ghaffari s’inscrit dans la continuité du néoréalisme. Ponctuant son film de scènes qui révèlent la beauté de la campagne en opposition à la ville, le réalisateur iranien débute par une description sociale, avant de la dépasser totalement en appariant réalisme et suspense.

Lorsque Mahdi commence l’école, la maîtresse lui demande d’apporter un panier de pommes en classe, une pour chaque élève. En grand frère responsable, Saeed se charge d’en réunir la bonne quantité, mais les précieux fruits commencent à manquer... À l’instar de Majid Majidi dans «Les Enfants du ciel» ou de Jafar Panahi dans «Le Ballon blanc», Ghaffari part d’une histoire simple en apparence, à hauteur d’enfant, celle d’un garçon qui court pour récolter des pommes, mais son point de vue incisif affleure à maintes reprises. Grâce à son sens fulgurant de l’ellipse et du hors-champ, sa maîtrise du découpage et ses dialogues révélateurs, il dit en contrebande le système corrompu, patriarcal et si insidieux qui prévaut en Iran. Dès lors, «The Apple Day» s’impose à la fois comme l’un des plus dignes héritiers du «Voleur de bicyclette» de Vittorio de Sica et une métaphore sans concession de la société iranienne, tout en entretenant l’espoir grâce à l’extraordinaire débrouille de ses personnages. – trigon-film

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