Los lobos

Samuel Kishi Leopo, 2019, Mexique, DCP, version originale multilingue sous-titrée français et allemand, 94', 6/10 ans

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Description

Deux gamins laissés seuls dans une pièce à la propreté douteuse, alors que leur mère part travailler chaque matin à Albuquerque. En suivant leur mère depuis le Mexique, Max et Leo, rêvaient  de Disneyland. Inspiré de l’enfance de son réalisateur, «Los Lobos», est une belle histoire, où se mélange  l’imaginaire fantastique des deux garçons et une réalité sordide qui n’est pas édulcorée.

Les voici livrés à eux-mêmes, après un long voyage depuis la frontière, et pendant que leur mère court après tous les petits boulots possibles pour ramener de quoi vivre. Tout d’abord, Lucia, la mère, va leur fixer des règles qu’elle enregistre sur un vieux dictaphone à cassettes. Ainsi, ne pas marcher sur le sol sans chaussures et aussi, surtout, ne pas quitter l’appartement. Pour tromper leur ennui, les deux gamins vont se créer un monde et s’imaginer deux personnages, sortes de super-héros, les «loups-ninjas» volant de nuages en nuages. Cela ne suffira pourtant pas, et petit à petit, l’envie de sortir viendra, malgré l’interdiction.

Déjà émouvante en soi, cette histoire d’isolement forcé, racontée avec les yeux de l’enfance, semble faire écho, à première vue, à notre propre expérience de confinement dans cette période éprouvante de pandémie. Même si ici les dangers du dehors n’ont rien à voir avec un virus, la pauvreté, une situation hors de la légalité, la langue aussi, ils peuvent tout aussi bien nous rappeler les files d’attente devant les centres de distribution de nourriture. Samuel Kishi Leopo ancre son récit dans une réalité qui nous est familière, pour peu qu’on regarde autour de soi. Et c’est certainement cette qualité, à laquelle on peut aussi ajouter les performances si naturelles des deux gamins, Maximiliano et Leonardo Najar Marquez, frères dans la vie comme dans le film. Leur naturel porte le film de bout en bout. Fortement inspiré de la propre enfance du réalisateur, «Los Lobos» vise la sobriété, se passant de tout artifice de mise en scène. Cette modestie illustre à merveille l’empathie communicative que Leopo éprouve vis-à-vis de ses personnages dont il tire parfois des portraits saisissants. Point de méchants, juste des gens marqués par la vie dont les joies simples touchent profondément. – Martial Knaebel, trigon-film

Images © trigon-film