Dans un hameau au nord du Sénégal, la jeune Banel et le bel Adama s’aiment d’un amour inconditionnel. Comme le veut la coutume, il l’a prise pour épouse, elle qui était la deuxième femme de son père récemment décédé. Tous deux veulent vivre leur passion intensément et passent leur temps libre à déterrer une maison ensevelie par les sables. Elle pourra abriter leur amour et leur permettre d’échapper aux traditions qui le menacent. Cela signifie aussi qu’Adama doit refuser le rôle de chef de la communauté auquel il est destiné. Lorsqu’il se décide à informer le conseil des anciens, le village est en émoi, d’autant plus que la pluie qui aurait dû tomber ne vient pas, mettant en péril les bétails et cultures.
Filant cette histoire d’amour sur une terre aride où la puissance de la nature et des paysages subjugue, Ramata-Toulaye Sy signe un premier long-métrage fascinant, dont la dimension tragique renvoie à la fois aux traditions sub-sahariennes et à la mythologie grecque. La réalisatrice y exprime les contraintes imposées aux femmes, tout en évoquant les conséquences du réchauffement climatique. À travers le personnage de Banel et son corps baigné d’une lumière de plus en plus éclatante, la cinéaste décrit certes une femme prise dans un monde qui tente de l’enfermer. Mais au-delà du drame naturaliste, grâce à un grand sens de l’épure et une touche de réalisme magique, celle-ci s’impose comme une héroïne irréductible, mue par un brin de folie et résolue à vivre son amour en toute liberté. En résulte une œuvre moderne et d’une beauté vibrante, qui défie les conventions.
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