Mami Wata

C. J. «Fiery» Obasi, 2023, Nigéria/France/Royaume-Uni, DCP, version originale pidgin/fon et anglaise sous-titrée français et allemand, 107', 16/16 ans Avant-première 

Prix d'entrée à choix: 10.- | 15.- | 20.- Entrée libre pour les membres de l'Association BelEcran

Archives 2023

Description

À Iyi, petit village fictif bordé par l’océan et coupé du monde, les gens vivent de leurs cultures, arborent de superbes maquillages blancs et honorent la déesse Mami Wata, censée leur apporter protection et bonne fortune. Ils confient leurs richesses à Mama Efe, prêtresse qui sert d’intermédiaire à la puissante divinité sur terre. Bientôt, l’une de ses filles, Zinwe ou Prisca, devra la remplacer, ce qui suscite des tensions au sein de la famille, car toutes deux démontrent leur liberté de pensée. Lorsqu’un jeune garçon tombe malade, les pouvoirs de Mama Efe et l’existence de la déesse sont remis en question. Le doute s’installe et aiguise les velléités de rebelles venus d’ailleurs.

Après le film de zombies à petit budget «Ojuju» (2014) et le sombre polar «O-Town» (2015), l’éclectique réalisateur nigérian C. J. Obasi, surnommé «The Fiery One» à Nollywood, livre un film puissamment esthétique qui ravive une figure vaudou légendaire: Mami Wata, la versatile mère des eaux, que l’on craint et vénère tout à la fois. Parlé en pidgin nigérian, langue si expressive et vivante, ce film magique est tourné dans un noir et blanc lumineux et contrasté, où brillent dans la nuit les visages maquillés des personnages. Fort de cette esthétique très travaillée, Obasi nous entraîne dans un récit qui joue avec le mythe et le sacré pour constituer une merveilleuse parabole en forme de théâtre antique. Le cinéaste y exprime avec une grande force d’évocation les conflits générationnels, sociaux et politiques, de même que les tensions entre tradition et modernité, qui hantent toujours l’Afrique.

Images © trigon-film