Deux jeunes hommes obsédés par les théories du complot kidnappent la PDG d’une grande entreprise, convaincus qu’elle est une extraterrestre déterminée à détruire la planète Terre.
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«Avec cette ligne narrative folle, «Bugonia» aurait pu sombrer dans la parodie facile. Mais chez Lanthimos, le grotesque n’est jamais gratuit : il est la forme naturelle du monde tel qu’il va mal. Si le film désarçonne, c’est qu’il mime notre époque. Une époque où la vérité a été vendue, puis recyclée, puis repeinte en greenwashing. Où le complotisme tient lieu de pensée critique, où la bêtise revendiquée passe pour une opinion. Dans «Bugonia», l’irrationnel n’est pas un motif de fiction : c’est le décor de notre temps.
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Avec «Bugonia», Yórgos Lánthimos semble vouloir s’amuser, mais à la manière d’un chirurgien fou qui dissèque notre monde en riant. Le film est monté avec une précision frénétique : plans nerveux, ruptures de rythme, ellipses sèches et dialogues mi-crétins, mi-philosophiques. On est dans une farce assumée mais aussi dans une dystopie. Dans une comédie, mais aussi dans une tragédie, rappelée par une séquence de fin assez grandiose. À chaque fois qu’on pense avoir compris la tonalité, Lanthimos change de registre, et nous laisse assommés.
La musique de Jerskin Fendrix amplifie cette instabilité : tantôt envahissante, tantôt hilare, toujours prête à grincer là où ça fait mal. On sent une joie de mise en scène, une jubilation à faire coexister les genres, qui cohabitent mal, comme les personnages du film. Et pourtant, tout ça tient. Mieux : ça éclate. «Bugonia» est un feu d’artifice absurde, qui ose être idiot et profond à parts égales. On rit, on grince, on s’interroge. On sort sonné, comme après une visio-conférence trop longue où quelqu’un aurait crié au feu alors que le bâtiment tombait déjà en ruine.
«Bugonia» n’est pas un film aimable. Il est sale, chaotique, inquiétant. Mais il est aussi l’un des films les plus vivants ( et réussis ?) de Lanthimos depuis longtemps. Un uppercut qui fait danser la satire et l’horreur sur une piste de danse déjà détruite.» – Manon Martin, Le Bleu du miroir
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Festivals & Prix
- Venice Film Festival 2025 – Green Drop Award
- San Sebastián International Film Festival 2025
- BFI London Film Festival 2025
- Busan International Film Festival 2025
- Zurich Film Festival 2025
Distribution & Images © Universal Pictures International Switzerland